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Octavie.

Pour moi j’étois preſque immobile ; je le laiſſois faire, & je ne lui refuſois rien : il s’étoit mis nud comme moi. Ayant approché & dreſſé ſa batterie vis-à-vis de la place qu’il attaquoit, il me dit : Octavie, mon cœur, embraſſe-moi, éleve ta cuiſſe droite, & l’appuye ſur mes reins. Je n’entends pas, lui dis-je, ce que vous deſirez, je ne comprends pas votre deſſein : au reſte, ayez pitié de moi, je vous en conjure. Il ne me répondit rien, & ſouleva lui-même ma cuiſſe droite, comme il ſouhaitoit ; & en même-temps il pouſſa ſon Vit, mais ſi rudement, que je crus que c’étoit le coup de la mort qu’il m’avoit donné, tant il me cauſa de douleur : je m’écriai auſſi-tôt. Tais-toi, mon cœur, me dit-il, tu n’auras plus guere à ſouffrir ; demeure comme tu es, & ne change point de place. Il remit donc ſa main ſous mes feſſes, & m’enfila de nouveau, mais avec tant de violence, que je criai plus haut que je n’avois fait. Ma mere qui étoit dans la chambre voiſine, accourut au bruit. Eh quoi, Pamphile, dit-elle, ſe tenant à la porte ſans entrer, eſt-ce-là ce que vous m’avez promis tantôt ? je vous avois permis d’en faire un jeu, mais non pas un combat. Elle