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tez-vous en toutes les poſtures qu’il ſouhaitera, & prenez bien garde que, par votre faute, la ſemence ne rempliſſe pas le lieu pour lequel elle eſt deſtinée ; mais ménagez-vous de telle ſorte, quand il ſera ſur vous, qu’il n’en tombe pas une ſeule goutte au-dehors. Après cet avertiſſement, elle me donna un baiſer, & me laiſſa ſeule avec Pamphile. Nous ne perdîmes point de temps, & nous étions déja diſpoſés au combat, lorſque ma mere rentra, en diſant qu’elle avoit oublié à nous dire le plus néceſſaire. Pamphile m’avoit déja fait aſſeoir ſur un banc fort large, qui étoit attaché à la muraille, & couvert d’un tapis ; il m’avoit fait écarter les jambes, & m’avoit fait mettre les pieds ſur deux eſcabeaux pour les élever : j’étois nue juſqu’au nombril, & mon adverſaire tenoit déja les armes en main. Auſſi-tôt que ma mere fut entrée, & qu’elle m’eut vue dans cette poſture : Ah. Dieux ! dit-elle, que l’amour eſt ingénieux, & que cette ſituation eſt commode pour l’un & pour l’autre ! mais elle fut bien plus ſurpriſe, quand elle apperçut l’inſtrument de Pamphile, bandé d’une étrange maniere. Ah ! bonté de Vénus ! s’écria-t-elle, quel monſtre ! ayez bon courage, ma fille. Cependant je m’étois remiſe dans une poſture décente, & j’avois ra-