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plaira, & vous aurez le loiſir de goûter à longs traits les douceurs du mariage. Je vous l’accorde donc, quoique je ſache qu’il n’y a dans la chambre aucune commodité dont Octavie puiſſe ſe ſervir, pour ſe mettre dans une ſituation avantageuſe, pour elle & pour vous : vous y perdrez ſans doute votre peine & votre huile ; mais c’eſt vous prêcher inutilement : ſur-tout ayez égard à ſa jeuneſſe. Je vous avertis de cela, parce que j’ai appris que vous aviez un membre monſtrueux, dont la longueur & la groſſeur prodigieuſe pourroient lui être nuiſibles, ſi vous faiſiez l’affaire avec trop de précipitation. Voilà, Tullie, ce que j’entendis ; après quoi ma mere m’appella, & me dit : Ma fille, vous n’êtes plus à vous, mais en la puiſſance de votre mari : ce ſont-là les loix du mariage. Il m’a demandé que je vous remiſſe pour un moment en ſa diſpoſition ; ni vous ni moi nous ne pouvons pas le refuſer : je le lui ai donc accordé ; mais à condition qu’il ne jouira de vous pour ce temps-là, qu’une fois : c’eſt pourquoi auſſi-tôt qu’il aura achevé, ne manquez pas de vous débarraſſer de lui, en ſortant promptement de la chambre ; ſi vous faites le contraire, je me fâcherai contre vous. Je lui promis tout ce qu’elle voulut. Sur-tout, continua-t-elle, met-