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dans la ſeizieme année de ſon âge ? réfléchiſſez là-deſſus, mon fils. Ah ! ayez pitié de moi, reprit Pamphile ; je n’en puis plus, je ne ſuis plus maître de moi-même, & je brûle au-dedans d’un feu qui ne peut être éteint que par Octavie : permettez donc que j’en jouiſſe, & ſoyez-moi libérale d’un bien qui m’appartient ; vous ne pouvez me le refuſer, ſans me dérober une choſe qui m’eſt propre. Elle ſourit à ces paroles. Vous ne conſidérez pas, mon fils, lui dit-elle, combien toutes vos demandes ſont hors de ſaiſon : croyez-moi, attendez à cette nuit ; le retardement vous rendra le divertiſſement plus agréable, que ſi vous ſuiviez vos premieres ſaillies : je ſouhaiterois de tout mon cœur, continua-t-elle, vous pouvoir accorder ce que vous deſirez ; mais vous voyez bien vous-même que ni le temps, ni le lieu ne peuvent pas le permettre. Ah ! ma très-chere mere, reprit Pamphile, ayez compaſſion de votre gendre. Octavie n’eſt pas ſi cruelle que vous ; & ſans doute elle ne me refuſera pas de ſoulager mon mal, puiſque c’eſt elle qui le cauſe. Eh bien, ma fille, me dit ma mere, voulez-vous bien guérir Pamphile de ſa maladie ; en tombez-vous d’accord, qu’en dites-vous ?