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don d’avoir montré tant de lâcheté avec moi : c’eſt ainſi qu’il me parloit : Je ſuis honteux, ma très-chere, d’avoir fait ſi peu de courſes dans un ſi beau champ. Comme il railloit ainſi, ma mere revint avec Angélique ; elles portoient deux grandes écuelles de conſommé : ma mere en préſenta une à Oronte, & elle me donna l’autre que j’avalai fort bien. Oronte, pour paroître plus vaillant, diſoit qu’il n’en avoit pas beſoin ; néanmoins il la prit comme moi, ſans ſe faire beaucoup prier.

Octavie.

Je m’imagine, Tullie, de voir dans votre entretien une fidelle peinture de ce qui me doit arriver : ce qui me conſole, c’eſt que ſi Pamphile me cauſe autant de douleurs qu’Oronte vous a fait de maux, j’aurai auſſi les mêmes plaiſirs que vous avez goûtés, & peut-être meme qu’ils ſeront plus doux ; car ma partie étant plus petite & plus étroite que la vôtre, & le membre de Pamphile plus long de trois pouces que celui de votre mari, il m’en fera d’autant plus de plaiſir, qu’il me pénétrera plus profondément.

Tullie.

Je te ſouhaite ſeulement, mon petit cœur,