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Les Ribaud

niversaire du triste accident qui a emporté notre cher Gabriel. Ni l’un ni l’autre, nous ne l’oublions. Je prépare deux bouquets, l’un de pensées, l’autre de myosotis, et nous allons.

Quatre ans, c’est déjà loin, et, dans ma jeunesse, bien des choses, mal retenues ou incomprises, ont pris une forme indécise et vague ; mais aujourd’hui, par cette matinée sans soleil, l’image de Gabriel, son image de jeune homme beau et vigoureux, m’est apparue aussi vivante et aussi nette que lorsqu’il me portait dans ses bras, me tenait son regard si doux sur le mien… oh ! mais si vivante que jamais je ne l’avais vue ainsi, même la veille de sa mort, où il m’avait si longuement conté son bonheur et ses ambitions naissantes.

J’ai revu son expression de figure d’une