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aux interrogations, expliquant brièvement et tout bas la catastrophe.

— « Le cœur probablement… peut-être aussi le cerveau… » répondait-il vaguement.

— « Elle aurait sans doute échappé, si le médicament eut eu le temps d’opérer, risqua l’une des commères présentes, mais il ne s’était pas écoulé un quart d’heure que… »

— « Au contraire… » reprit une autre avec conviction. « Un poison n’aurait pas agi plus vite… Dès la première poudre… C’est moi qui la lui ai donnée… Voyez donc, docteur. »

Elle s’était empressée d’aller lui chercher les doses qui restaient, encore étendues dans leurs enveloppes bleues, au milieu d’un petit guéridon en bois brun.

— « Ah ! bon, » murmura-t-il, tendant la main avec un air visiblement soulagé, et il s’en empara sans même les examiner. « C’est tout ce qui reste, n’est-ce pas ?… Oui, le cœur a fait défaut probablement… J’ai eu un cas presque semblable… la mère Dugas… vous vous rappelez peut-être ? » Hachant distraitement des bribes de phrases, il avait tout en parlant introduit les poudres dans sa trousse encore entrouverte… « C’est toujours terrible ces morts subites… Moi-même j’en éprouve toujours pendant longtemps du saisissement… Ce que c’est que la vie en somme… je crains que ce soit un rude choc pour ce pauvre vieux de Beaumont. »

Mal à l’aise au milieu des lamentations et des questions dont l’accablaient, avec leur insistance