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personnes déjà accourues, sur les manifestations que le mal avait présentées jusque là. Il demanda à examiner les médicaments qu’on avait fait absorber. Il n’en eut point le temps toutefois, car une convulsion nouvelle, plus terrible encore que les précédentes, l’attira, ainsi que tout le groupe des assistants, auprès de la couche de la mère de Beaumont. La pauvre vieille s’était cramponnée à l’épaule de Yves, toute la charpente elle-même de son corps disloquée jusque dans les os et pliée dans une horrible torsion tétanique. Et toujours cet affreux regard exorbité qui exhalait l’on ne sait quelles angoisses infinies…

— « Une serviette… vite, donnez… » cria le docteur Verneuil, son flacon de chloroforme à la main.

Mais la mère de Beaumont détendit d’elle-même peu à peu ses muscles ; ses paupières retombèrent à demi et vinrent voiler l’horreur de ses grands yeux sans prunelle. Tout à coup elle s’affaissa inerte… pour ne plus bouger éternellement.

À ce même moment, Jacqueline faisait son entrée dans la pièce. Attirée par les liens qui, l’unissant d’abord à Marcelle, s’étaient imperceptiblement étendus à toute la famille des de Beaumont, elle était accourue. Elle n’avait pu résister surtout à l’expression de détresse et d’épouvante qu’elle venait de constater chez Yves, et elle était partie sur ses pas.

D’un coup d’œil rapide, elle embrassa la scène.

L’atmosphère du foyer où elle vivait, les appels aux malades, de nuit comme de jour, qu’elle entendait depuis son enfance, lui avaient façonné une sorte de conscience médicale, un instinctif besoin de se porter