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— « Oh ! oui, par exemple, mademoiselle Jacqueline ; et j’admets que si j’étais plus jeune, je ne pourrais ! pas me retenir de l’aimer… En tous cas, il l’emporte de beaucoup à mes yeux sur le bel Alfred, le petit Monsieur Charlus, surtout sur le docteur Verneuil, oui… oui… »

« Même sur le docteur Verneuil ?… Ah ! bien non, pas sur lui, ma vieille Marianne, » reprit gravement Jacqueline avec une figure faussement contristée et, tout en continuant de plier le papier blanc des poudres qu’il lui restait à préparer.

— « Vous savez, mademoiselle Jacqueline, je ne le hais pas, ce Verneuil… Il ne déplait pas à votre père non plus… C’est peut-être un excellent garçon, » s’empressa-t-elle d’ajouter avec sympathie, comme pour se faire pardonner un tort qu’elle aurait eu.

— « C’est bien, Marianne, va, puisque tu es assez bonne… mais ne te trahis pas auprès de Yves, » …acheva-t-elle en lui remettant les poudres.

Pendant ce temps-là, la douleur s’acharnait sans merci. C’est en vain que la mère de Beaumont tentait de s’y soustraire. La tête plongée dans les oreillers, les mains fermement plaquées en défense sur la figure, elle sentait, toujours les mêmes éclairs lancinants lui labourer la chair.

Aussi avec quelle ardeur empressée elle avait accueilli et absorbé le médicament libérateur qu’on s’était hâté de lui offrir. C’est que d’ordinaire le mal cédait assez promptement sous son influence. Le