Page:Choquette - La Terre, 1916.djvu/89

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 92 —

Marcelle, Lucas, Yves qu’elle se représentait en salopettes parmi ses explosifs, Jacqueline s’était empressée d’exécuter l’ordonnance.

La vieille Marianne elle-même, qui avait entendu de loin la conversation rapidement échangée avant le départ, du docteur, était venue doucement s’informer avec sympathie : « Cette pauvre Mme de Beaumont… Certainement qu’elle ne refuserait pas de lui porter ses médicaments, puisque le domestique se trouvait, absent… Depuis si longtemps qu’elle les connaissait et les aimait, ces bons vieux de Beaumont ; depuis si longtemps qu’elle les voyait, soit à l’officine du docteur, soit à la grand’messe, chaque dimanche… Leurs fils aussi, elle se les rappelait encore enfants, avec leurs petites têtes brunes et blondes qui, chaque année, dépassaient de plus en plus le rebord du banc que la famille occupait à l’église depuis elle ne savait combien de temps… Vous savez où, Jacqueline ?… dans la rangée, de droite… Ça les a rudement secoués, paraît-il, d’abandonner leur ferme là-bas… Leur Yves ne tenait pas à la culture, alors… Mais ce n’est pas moi qui le blâmerai, le brave garçon, avec les talents qu’il a… Vous l’avez rencontré, n’est-ce pas, mademoiselle Jacqueline ? Il semble si peu fait pour piocher la terre… »

— « Tiens, ma vieille Marianne, je pense à la fin que tu le trouves de ton goût, ce Yves… Ce n’est pas la première fois, sais-tu que je t’entends le vanter ainsi ?… »