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péniblement de son siège. Il avait en même temps empoigné son paletot et s’était mis à l’endosser. « Puisque je vous embête, j’y retourne, » acheva-t-il brutalement.

Oh ! il les avait trouvés, lui, les mots irrésistibles qu’il fallait pour déjouer les plus paralysantes émotions et délier les gorges jusqu’à les faire crier.

Une voix éplorée leur fit tout de suite écho : « Tu n’y penses pas, Lucas ? Voyons, nous t’avons rien fait, rien dit. » Marcelle s’était précipitée au-devant de lui et s’efforçait de ses mains tremblantes de lui enlever ses habits et de l’entraîner dans une pièce voisine.

Mais lui la repoussait, sans colère contre elle, mais indifférent à ses étreintes. Il s’était mis simplement à chercher son chapeau en grommelant : — « Comment, je vous fais honte ?… Vous me pensez ivre peut-être ? » Et ce vous qu’il répétait comme une provocation, il le jetait en l’air, pardessus la tête de Marcelle, à l’adresse de Jacqueline, de Yves.

C’était son amour-propre seul qui s’éveillait et s’irritait à ce moment. Vaguement, il se rendait compte qu’il se donnait en spectacle. Il en éprouvait de l’humiliation, et par représailles il aurait désiré trouver quelque prétexte de mordre.

— « Allons, ne fais pas la mauvaise tête, Lucas. Tu sais bien que nous t’aimons tous, Yves, Jacqueline… Personne ne veut que tu t’en ailles. Viens, viens, reste. » Marcelle se cramponnait toujours à lui, doucement, pour ne point l’irriter. Et lui, d’ail-