son pantalon tacheté de boue. Se voyant l’objet de l’attention et devinant le sentiment de malaise que sa présence suscitait, il essaya de sourire, comme bravade.
Quant aux trois autres, un remous de sensations imprévues avait confusément envahi leurs esprits et les tenait, silencieux. Chez Jacqueline, c’était le saisissement d’une telle rencontre joint à l’écho, encore bruissant à ses oreilles, des touchantes paroles d’amour et de pardon qu’elle venait d’entendre et qu’elle rapprochait mentalement du spectacle qui s’offrait à ses yeux ; chez Marcelle, c’était l’angoissante appréhension de découvrir que Lucas n’avait même pas acquitté sa dette avant d’entrer à l’auberge ; chez Yves, lui, c’était une irritation sourde contre la sottise du sort qui le jetait ainsi en présence de Jacqueline pour la première fois, et lui mettait à la poitrine un bruit de galop impossible à réprimer.
Au milieu de cet halètement général, personne ne trouvait de mots — qui n’eussent pas rendu un son étrange — à jeter dans le silence embarrassant qui planait.
Un peu de conscience surnage presque toujours à travers les fumées de l’alcool : conscience de brute le plus souvent et où d’ordinaire seuls les plus mauvais instincts transparaissent. Lucas sentit s’opérer chez lui un travail de fermentation intérieure. Il ébaucha de nouveau un mauvais rire de dédain, et dans une rancœur subite :
— « Il n’y avait pas de tire, là-bas, mais c’était autrement gai qu’ici, » proféra-t-il en se soulevant