Page:Choquette - La Terre, 1916.djvu/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 73 —

tails… Cela n’empêche pas qu’il puisse être un bon médecin… »

— « Il n’a pas déplu à papa, toutefois ; mais avec lui, pourvu qu’il ait fait mine d’aimer son art, l’étude, » avait ajouté avec indifférence Jacqueline, en poussant du pied le lourd landier rouillé qui protégeait la flamme du foyer.

Car c’est devant un feu de cheminée qu’elles discourent ainsi toutes deux, sur mille choses, intimement.

Dès leur première rencontre, on ne l’a pas oublié, Jacqueline avait formulé ce projet de venir, un bon soir d’automne, jeter une bûche, une vraie bûche de hêtre, au cœur durci et plein de flamme pétillante, dans l’âtre mort de la vieille cheminée des de Beaumont.

Et alors comme déjà la première neige était apparue, que le froid vivifiant d’automne avait ramené le charme des portes closes, elles avaient arrangé ça entr’elles, après la grande messe. Elles avaient arrêté la date, et, afin de n’être point gênées par personne, elles avaient choisi de préférence tel soir où Lucas devait être absent du logis, appelé au village pour quelque motif d’affaire.

…Comme les ombres et les clairs subitement alternés de l’âtre se projettent et dansent curieusement à ce moment sur les murs, dans les coins du plafond, partout. Et quelle antithèse joyeuse ils offrent, aux yeux de Jacqueline, avec les flammes menteuses et flasques des foyers artificiels d’aujourd’hui.

Il se dégage aussi un charme infini du grand