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ment convaincu qu’il possédait à fond le procédé théorique et pratique de fabrication des divers explosifs modernes généralement en usage, il ajouta :

— « Pourquoi ne m’accorderiez-vous pas un mois d’essai ? »

Sa proposition fut acceptée.

Le lendemain, avec l’entière compétence d’un vieux praticien, il débutait. Le mois convenu s’écoula, puis une année, puis deux ans et c’est à ce moment que nous le retrouvons, à son retour de l’usine, en train de dépouiller sa tenue de laboratoire.


Comme Yves s’attardait à sa toilette, le père de Beaumont avait pénétré doucement dans la chambre à son tour, et il s’était assis sans façon sur le lit. Il gardait toujours à son esprit le mauvais rêve que Lucas venait d’y faire naître, et il aurait voulu en atténuer l’amertume en le mêlant à quelques plus sereines visions, à de plus consolants espoirs.

— « Et toi, Yves, tu es toujours satisfait ?… Tu as pleine confiance de réussir à te créer une bonne situation à la poudrerie ?… »

— « Absolument, père. Qui m’en empêcherait, d’ailleurs, si je persiste à faire mon devoir ? » Il s’apprêtait à ajouter autre chose, mais il resta en suspens, les lèvres serrées sur une confidence que visiblement il brûlait cependant de faire. À la fin, n’y tenant plus, il reprit avec une certaine fierté dans l’accent : « Je m’attends à les épater, cette fois, vos Anglais… N’en parlez pas encore, car je conserve encore des doutes… mais je compte avoir fait ce matin l’essai