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compte, dans une telle atmosphère, il en avait étonnamment développé la précocité, prématurément meublé et mûri l’intelligence.

« Vois-tu, » continua-t-il, « il y a un véritable plaidoyer dans ce livre de Bourget, de même qu’il y a un factum dans son Divorce. Combien j’aime ce genre que les écrivains français modernes adoptent aujourd’hui de plus en plus. C’est de la fiction et c’est de l’histoire. L’auteur, conscient de sa responsabilité. écrit pour le triomphe d’une idée. Il ne tend pas uniquement à amuser, il entreprend de convaincre. »

— « Et » La terre qui meurt », de Bazin sur lequel tu t’extasiais tant, père, l’autre jour ! »

— « C’est surtout un ouvrage délicieux par le charme évocateur qui y plane, mais il est vide de toute documentation, de toute subtilité d’analyse. Je trouve que le livre n’ajoute rien à son titre. Quelle image extrêmement attendrissante il s’en dégage toutefois : cette bonne vieille terre française qui succombe faute de bras. Cela vous empoigne. La leçon y est pareillement bien présentée… on y défend une idée, là encore. »

— « Il n’existe rien de ce genre, ici ? » demanda Jacqueline.

— « Rien… je ne connais rien. Cela s’explique en somme. Vois-tu, ici, ce n’est pas toujours le talent qui manque, ce sont surtout les situations, le milieu, les éléments, la matière première, quoi, si absolument essentielle pour l’inspiration et la composition