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l’apaise, lui trace sa voie et lui démontre qu’il marche droit.

Comme s’il eut répondu à quelque terrible cas de chirurgie dont il analyserait en route rapidement la gravité, — les complications probables, l’intervention surtout, si redoutable à tenter : cet atroce coup de couteau, sauveur ou meurtrier, à porter dans les chairs, — de même, cheminant à grands pas, il examine les menaçants aspects de son propre cas, auquel il ne trouve toujours qu’une seule solution digne : l’aveu loyal et droit de sa faute.

Certes cet aveu l’épouvante par moments ; il semble parfois que sa détermination va fléchir, mais la hantise du point d’honneur le reprend aussitôt, le redresse et l’exalte. Et alors on dirait qu’il goûte une étrange volupté d’orgueil à se représenter que, par la noblesse de son acte, il va prendre en quelque sorte une revanche sur la confiance aveugle et l’estime des de Beaumont et établir une sorte d’égalité morale entre eux et lui.

Si « la nuit est longue à la douleur qui veille », la route est courte à la perplexité qui chemine. Déjà l’habitation des de Beaumont se dessine à ses yeux. L’humble toit — que tantôt il souhaitait avec joie à Jacqueline et qu’à présent il projette de repousser — semble le saluer de loin, comme un ami, du paisible balancement de ses longs érables ; ce toit ne se doute de rien ; il lui tarde comme à ses maîtres d’entendre enfin la réponse d’espoir ; il a la même confiance sereine qu’eux.

Oh ! cette confiance et cette réponse ! c’est cela