Page:Choquette - La Terre, 1916.djvu/261

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 264 —

si dans la vie propre des champs on pouvait empêcher l’autre vie, l’autre… la triste… »

Jacqueline comprenait ça et elle y avait acquiescé d’une inflexion de la tête.

— « Mais il y a toujours cette ambition, ces aspirations plus hautes que nos ailes, ce cœur qu’on ne peut rêner non plus et qui dans son aveugle apprétit fausse et entraîne notre raison… J’ai déjà fait bien des circuits à sa poursuite… » Puis à voix plus tendre il lui avait raconté ses tentatives et ses échecs à la Poudrerie, sa belle fièvre de travail au début pour triompher, l’emporter par quelque succès scientifique éclatant qui les aurait matés… eux… Il l’avait pourtant atteint ce succès qu’il se flattait d’offrir à la science, à sa race, à…

Cela aussi Jacqueline le savait…

— « Et voyez »… C’est alors que désabusé, rebuté, sans une épaule de femme où appuyer son front, ce besoin l’avait pris comme une soif de s’en aller, s’éloigner, prendre du service, s’étourdir là-bas, là-bas, du bruit des canons boers… Mais il avait bientôt senti que, même en plein combat, il n’y aurait jamais assez de fumée dans le ciel africain pour obscurcir certaines visions bénies… « Croiriez-vous, » reprenait-il, « que c’est là que l’emprise du foyer natal, le rappel aigu de mon village, de certains visages chers, ont commencé par me plus violemment remuer ? Malgré le désarroi des lieux, je reconstituais, à même le veldt, de consolants paysages où je me plaisais à retrouver mes êtres bien-aimés… Et c’était toujours le simple tableau, rapidement entrevu au passage,