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la chargeant en quelque sorte comme un berceau à défendre, sur vos rudes épaules d’agriculteurs. »

— « Bravo !… très-bien, Yves. C’est toi qui as raison. »

« Enracinez-vous donc dans le sol, dans ce sol que vos ancêtres ont ouvert, que vos pères ont cultivé et dont le sein généreux offre à notre race la seule aisance et la seule force désirables. »

« Une autre race s’agite dans le domaine des affaires. Trois siècles de trafic, de négoce, pendant lesquels elle a constamment dominé malgré sa faiblesse numérique, nous convainquent de son invincible supériorité naturelle sur ce terrain. Il n’y a pas à entrer en lutte contre elle. »

« Pareillement, trois siècles d’attachement au sol, — et ce sont nos trois siècles d’histoire — ont façonné à la race française, en Canada, une âme rurale, mais une âme susceptible d’atteindre aux plus nobles élans du cœur et de l’esprit. C’est par elle que nous tiendrons tête à l’envahissement, d’où qu’il vienne, et que nous nous hausserons aux premières situations sociales… à la condition toutefois que nos gouvernants s’acharnent à faire pénétrer l’instruction dans chacun des foyers de la province et à développer ainsi, en même temps que la culture du sol, cette autre culture, infaillible pour nous pousser encore plus vite et plus haut : la culture de l’intelligence. Avec cette paire d’ailes, avec cette bouée de sauvetage aux épaules, la race française défiera éternellement les vents et les marées… »