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percevoir qu’il faut des bras et des mains pour de si nombreux besoins. »

« Les pays étrangers nous envoient des milliers d’ouvriers. Déjà ils remplissent de superbes emplois, en même temps qu’ils gonflent d’argent leurs goussets et s’emparent des terrains… Mais c’est à vous, jeunes gens vigoureux de la campagne, que ces biens sont dûs en premier lieu. Ils vous sollicitent, pendant que vos terres stériles et ingrates épuisent sans profit vos forces et ne vous offrent aucun contentement. »

— « C’est assez correct, ça, » ne put retenir Isa qui sentait renaître en lui son même levain d’amertume contre la terre… « Envoyez. »

« Venez, la fortune vous attend. Cette invitation, je l’ai fait entendre dans plusieurs paroisses des vallées du St-Laurent et du Richelieu — à Varennes, à Verchères, à Belœil, — et l’on est venu en foule. Je la réitère ici avec une foi plus convaincue. Venez ; il y a encore des lots à acheter ; j’en possède moi-même un grand nombre… Plusieurs m’ont été arrachés des mains par des étrangers, mais c’est à vous, ô mes chers compatriotes, que je réserve les plus avantageux. »

— « C’est pas vrai, » cria quelqu’un… « Parlez-nous politique, » lança un autre.

« Venez, l’avenir est à l’industrie, à la finance, aux affaires. La terre a fait son temps ici… Et à ceux qui me demandent de traiter de la politique, je répondrai qu’aucune question n’est plus importante que celle que je vous expose. Elle constitue la politique du jour, la politique vraiment canadienne et