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que sur les rebords des fenêtres, on commençait ainsi à chuchoter et à s’agiter ; car dans l’individu qui avait convoqué la réunion, plusieurs affirmaient reconnaître un simple charlatan d’élection, une espèce de spéculateur en immeubles qui, pour mieux harponner les gens et les entraîner en plus grand nombre à écouter son boniment, s’était adroitement avisé de tirer parti de la fièvre politique alors régnante.

On en fut vite convaincu lorsque, harcelé par les apostrophes et les interpellations, il se décida à développer son programme.

— « Messieurs, » dit-il aux libres et intelligents électeurs de Rouville. « Vous désirez savoir quelle est ma politique ? Il n’y en a pourtant qu’une aujourd’hui, c’est celle que vous recherchez en vain vous-mêmes et que je vous apporte ; le moyen de vous enrichir, sans durement peiner à chaque heure du jour comme vous le faites et comme vous préparez vos fils à le faire. »

« Une ère de prospérité aussi nouvelle que généreuse s’ouvre présentement à votre activité. Montréal, la métropole du Canada, grandit à vue d’œil. Les chemins de fer, la navigation y apportent des richesses inouïes. Des industries de toutes sortes couvrent son territoire, débordent sur la campagne voisine et bientôt envahiront toute l’étendue de l’Île. »

« Du sud au nord, de l’est à l’ouest, les usines montrent leurs hautes cheminées et font entendre le cliquetis harmonieux de leurs machines, alors que vous restez endormis sur vos mornes fermes, sans paraître