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Yves s’y était rendu à pied, en compagnie de son père et de son voisin Lusignan hélé au passage.

À son entrée dans la salle, déjà grise de la fumée des pipes, un mouvement de curiosité satisfaite se dessina dans les rangs des électeurs qui l’avaient précédé. Tous s’empressèrent de lui faire fête à titre de recrue précieuse.

— « Bonsoir, Yves… Par ici, Yves… » lui jetaient les amis, de chaque coin.

— « Tiens, c’est Yves… le fils du père de Beaumont … celui qui revient de la guerre… Un beau gars… » échangeaient à mi-voix les autres assistants entre-eux… « Est-ce vrai qu’il doit reprendre la ferme paternelle ?… Et capable… instruit… C’est le vieux qui va être content, n’est-ce pas ?… »

Contre son gré, Yves fut poussé aux premières places.

Entretemps, l’orateur d’occasion faisait office de placier, prodiguant des poignées de mains et d’obséquieuses politesses aux arrivants, offrant un égal bon accueil aux chefs de rang des divers partis politiques.

— « Pour quel candidat, votre assemblée ? » lui jeta, du fond de la salle, Isa Gauthier un peu agacé de son manège équivoque.

— « Oui, quel parti, quelle politique venez-vous défendre devant nous ? » interpella un autre.

— « Je n’ai jamais défendu qu’une politique vraiment canadienne, » risqua l’interpellé, sans se compromettre encore.

Dans l’assemblée, très nombreuse et grimpée jus-