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part — qui l’accablait de plus en plus et le reportait tout à coup à sa même gêne sauvage d’autrefois.

Il se rendit compte cependant de l’anomalie de son attitude. Lui et les siens étaient redevables d’une reconnaissance trop vive envers Jacqueline pour qu’il n’y fît point une allusion sympathique. À la fin, il se risqua timidement :

— « Mademoiselle Duvert, comment se porte-t-elle ? Les touchantes bontés qu’elle nous a prodiguées à tous, ainsi que vous-même, docteur, m’ont profondément ému et croyez bien que… »

— « Oh ! Jacqueline ? mon « assistante » toujours active, toujours dévouée, un peu concentrée parfois dans la solitude où nous vivons. Viens donc, Jacqueline… viens saluer notre aventureux Yves… peut-être t’apporte-t-il de là-bas le plus intéressant chapitre du roman que tu élabores ? » acheva-t-il dans un rire narquois.

Jacqueline n’était pas loin. Les paroles ardentes de son père l’avaient renseignée, dès les premiers mots, sur la qualité des visiteurs et son cœur n’avait pas tardé à bondir en petits galops précipités.

Mais il y avait encore pour la renseigner la vieille Marianne, accourue toute fière et surexcitée auprès d’elle, et qui, reluquant de derrière un paravent, lui soufflait avec insistance à voix basse : — « Oui, c’est Yves… C’est Yves qui est revenu… Va donc, Jacqueline… va donc. »

Jacqueline fit un effort et entra prête à manifester son contentement par le geste amical de la main tendue. À la vue du beau militaire qui, brusque com-