Page:Choquette - La Terre, 1916.djvu/222

Cette page a été validée par deux contributeurs.

son des Duvert. Une immuable paix y paraissant régner.

Sitôt la distance franchie, Yves avait immédiatement éprouvé une détente apaisante. La sensation qui lui restait était maintenant douce ; il aurait voulu la prolonger :

— « Et le docteur Duvert ?… et mademoiselle Jacqueline ? » ajouta-t-il au bout d’un temps, comme on revient à une pensée qui obsède. « Est-elle toujours la grande amie de Marcelle ? »

— « Oui, toujours… de Marcelle et de nous tous. Il ne nous est rien arrivé d’heureux ou de malheureux qu’elle n’ait aussitôt pris sa part, de joie ou de tristesse. »

— « Je craignais que son amitié ne se fût refroidie à cause de… »

— « Nullement… Sa sympathie nous est demeurée fidèle… à toi aussi, va, si j’en juge par le plaisir et l’intérêt qu’elle prenait à relire tes lettres… Cela t’étonne ?… Il y a tant à démêler dans le cœur de cette petite », acheva simplement le père de Beaumont, en laissant les mots tomber lentement comme pour en prolonger l’écho sur l’âme de son fils.

À ce moment, ils étaient engagés dans la montée qui conduisait « chez eux » et alors d’entendre ces consolantes paroles et d’apercevoir à la fois, dans l’inclinaison des champs, la bonne terre natale, le toit chéri de la maison paternelle, avec au fond la montagne qui découpe éternellement dans l’espace ses mamelons géants, Yves avait senti un double frisson lui traverser les chairs.