Page:Choquette - La Terre, 1916.djvu/217

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 220 —

dant le tintamarre subit de l’entrée en gare de l’express. Fouillant aussitôt du regard chacune des voitures, il s’était embusqué à distance, l’œil inquiet, épiant la sortie des voyageurs. Ces derniers commençaient déjà à s’éloigner, mêlés aux curieux ou entraînés par les cochers, lorsqu’il entendit :

— « Ah ! le vieux père », et il se sentit aussitôt étreint, presque soulevé, par la caresse de deux bras jetés serrés à son cou.

— « Yves », s’était-il écrié spontanément, en l’étreignait à son tour. « En uniforme ?… C’est donc ça, pauvre Yves, que je ne t’ai nullement reconnu à la descente du train… Je t’attendais si peu dans cette tenue. »

Impatient de l’avoir à lui, de l’arracher aux poignées de mains et aux interrogations dont certains amis, témoins de son arrivée, se préparaient à l’assiéger, il l’avait entraîné : « Viens, Yves. »

— « C’est vous, vieux père, c’est Saint-Hilaire, c’est la Montagne, que je revois enfin de nouveau, » s’exclamait à tout propos Yves, en promenant son regard, comme pour mieux se convaincre de son retour et de sa présence. « Que je suis content de vous retrouver. »

— « Et moi donc ? »… Et il l’examinait affectueusement avec orgueil. « Tu es changé, sais-tu ?… grandi, il me semble, et grillé… Pour ça je m’y attendais, la mer, le soleil d’Afrique… L’esentiel c’est que tu nous sois revenu sain et sauf. »

— « Tiens, Rougeaud !… il dure encore », fit Yves,