tenaillait à la gorge, le tirait, le soulevait avec une force surhumaine.
— « Tu viendras, te dis-je, misérable, ou je t’étrangle », hurlait Lucas emporté par une véritable frénésie.
Verneuil avait tenté de résister à l’étreinte et il s’était accroché un instant au chambranle, mais la même griffe avait continué de serrer, de serrer impitoyablement, et l’avait tiré, arraché, hissé au dehors. Ses talons inertes avaient battu les marches du perron. Il s’était mis à râler.
Lucas ne le voyait plus dans la nuit ; il l’entendait seulement à travers l’obscurité. — « Viens, misérable !… Avance, » répétait-il, se fouettant le sang. « Ah ! tu râles ?… C’est bon… je t’ai dit que mon petit Gérard râlait lui aussi, là-bas. »
Au hasard, à travers les herbes et les sables de l’avenue, ses pieds labourant la terre, il l’avait ainsi traîné jusqu’à sa voiture. Ne sentant plus de résistance, il avait légèrement lâché prise, mais rien ne bougea ; il desserra alors davantage les doigts ; une masse, une loque pesante s’était simplement écroulée dans l’ombre.
— « Verneuil !… Verneuil ! » lui cria de tout près Lucas épouvanté. Il se pencha sur lui et appela de nouveau : « Verneuil ! »
Ni un mot, ni un souffle. Verneuil n’était plus qu’un cadavre.
Cela avait été pareillement sinistre le retour et la rentrée de Lucas au foyer. Après avoir longtemps rôdé comme un halluciné autour du logis, il avait à