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Pour s’adresser à Verneuil, cette fois… Mais pourquoi n’avançait-il plus que lentement, en hésitant ? Il ne s’en rendait guère compte ; toute sa pensée prise ailleurs.

Ce n’était pas pourtant que Lucas doutât de l’habileté de Verneuil. Non, son changement subit d’allure attestait seulement une fois de plus l’instinctive répugnance que tout malade éprouve à séparer la médecine d’une certaine enveloppe de sympathie et de tendresse, et la difficulté qu’il a à vaincre, pour la concevoir autrement que fondue avec la personne même du médecin.

Comme Lucas avait toujours perçu l’existence d’une vague antipathie, entre Verneuil et lui, il avait ressenti une soudaine souffrance intérieure en se représentant qu’il n’allait apporter à son enfant que les soins indifférents de cet étranger. Mais que faire, n’est-ce pas ? Il le fallait bien… Il s’était décidé à frapper.

Convaincu que cet appel nocturne lui était destiné, Verneuil s’était présenté lui-même pour y répondre. Mais sitôt la porte ouverte, ils étaient demeures hésitants tous deux, subitement gênés de se trouver en présence.

— « C’est mon enfant qui est très malade… pris du croup, je crois », s’empressa d’expliquer Lucas, autant pour rompre le malaise inattendu qui l’avait saisi que pour porter plus vite secours à son enfant… « Je voulais vous amener le voir. »

— « Le docteur Duvert n’est donc pas chez lui,