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XXV


Comme dans le tableau de Fildes, imaginez un de ces foyers d’humbles, où la misère séjourne d’autant plus douloureuse qu’on y sent davantage l’ingénieux effort répandu partout pour la masquer ; jetez, sur un coin de lit trop grand, un enfant, dont le râle siffle sinistrement à travers la pièce ; placez tout contre, prostrée sur le plancher nu, une jeune femme dont la tête retombe inerte et se perd dans le cercle de ses bras repliés ; et plus loin, au fond, debout dans la pénombre de la lampe demi-baissée, un homme… « l’homme » immobile et silencieux, et qui sans voir regarde à une profondeur d’abîme. Laissez de plus peser sur cette scène la lugubre antithèse de ce silence et de ce râle alternant dans le calme de la nuit, et vous aurez une image du foyer de Lucas.

Car c’est bien le croup véritable, cette fois, qui est venu sauvagement saisir le petit Gérard à la gorge.

Leur petit Chaton, selon qu’ils l’appelaient parfois… le vieux docteur Duvert le leur avait déjà sauvé… Et Lucas avait tout de suite couru harnacher le fidèle Rougeaud, qui broutait tout proche en ce moment, et il avait pris la route du village.