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l’effet du médicament qu’il avait administré à son petit malade, que pour voir la figure de ce Lucas qu’il se représentait dur et méchant, et qu’il trouverait bien l’occasion d’envisager, cette fois.

N’a-t-il pas de plus assumé la double mission de guérir et de consoler ? Aussi, à mesure qu’il se rapproche, la crainte d’une aggravation du mal l’étreint davantage ; il éprouve qu’une certaine angoisse le pénètre, moins au sujet de l’enfant peut-être qu’au sujet de la mère elle-même. Cet espoir, qu’il avait fait luire chez elle avec autant d’assurance, s’il n’allait finalement servir qu’à aviver davantage sa douleur !…

Sa main est posée sur la poignée de la porte… Pourquoi n’entend-il rien ?… L’oreille au guet, il n’ose plus avancer… Non, ce n’est pas du râle qu’il entend, ni le sifflement d’une respiration étranglée ; c’est la cadence monotone et douce des oscillations d’un berceau. L’accès a cédé ; l’enfant va mieux et repose plus calme.

Le docteur l’a deviné tout de suite à l’expression soulagée de la mère. Quant à « l’autre, » immobile auprès d’elle, — car ils sont deux maintenant — il ne sait comment cacher sa gêne. Il tient son regard tendu sur la figure de son enfant et il continue, avec la délicatesse menue d’une femme, à agiter le berceau doucement, doucement.

— « C’est, le docteur, Lucas, » lui murmura Marcelle à voix très basse, comme pour corriger et lui reprocher tendrement son incorrection d’attitude.

Mais il n’eut, en réponse, qu’un simple mouve-