afin de l’aider dans son désastreux conflit avec les Boers.
— « Oui, partir pour la guerre » avait-il répliqué doucement à son père. « Il avait vu le nom de plusieurs de ses connaissances parmi les dernières recrues que mentionnaient les journaux… La guerre n’allait pas durer très longtemps, en somme… Il reviendrait… Il serait d’ailleurs si bien là-bas, loin de tout, pour se refaire du courage, lui semblait-il… Vous ne vous y opposerez point, n’est-ce pas, père ?… »
Lui aussi, le pauvre vieux, n’ignorait pas l’émotion qui traversait à cette époque le pays et qui avait pénétré jusque dans son village. Tous les soirs, il avait suivi avec intérêt les dépêches — si souvent déconcertantes — apportées du lieu de la guerre. Il n’ignorait pas non plus les appels au soldat que l’on faisait résonner ici, ni le recrutement précipité qui s’opérait un peu partout, au sein de toutes les races et de toutes les provinces du pays. Mais jamais l’idée, que Yves pût lui-même projeter de participer à la guerre, n’avait un instant effleuré son esprit.
Aussi, l’entendant lui faire part d’une pareille intention, s’était-il penché sur lui, de tout près. Il l’examina longuement en silence, comme pour bien constater à travers l’ombre que sa figure ne démentait point ses paroles.
— « Tu ne m’as pas dit tout, hein ! mon pauvre Yves ? Tu me caches encore quelque chose ? » ajouta-t-il simplement.