Page:Choquette - La Terre, 1916.djvu/155

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 158 —

somme le résultat net et brutal de la proposition écrite que la Hamilton Powder Co. venait de faire déposer devant lui, sur l’émail de son laboratoire, et qu’il avait entrouverte avec plus d’appréhension que s’il eut manipulé le plus violent de ses explosifs.

Déjà une petite note parue dans un journal tenait depuis quelque temps son esprit dans les alarmes. Elle lui avait appris l’émission officielle d’un brevet relatif à un explosif d’une puissance inconnue jusqu’ici, disait-on, et l’exploitation incessante qu’une riche société anglaise projetait d’en faire.

Alors sans en rien dire aux siens, il avait secrètement essayé de pénétrer l’origine et la portée exacte de cette nouvelle. Puis, plus secrètement encore, il avait sollicité l’aide des financiers canadiens, quelques-uns de sa race que le hasard et l’économie avaient enrichis, mais qui, à cause de cela même, ne pouvaient se défendre d’une instinctive méfiance, tant ils en avaient vu rater de ces tentatives industrielles, financières et autres, où l’on s’était plus préoccupé de la valeur intellectuelle et scientifique des sociétaires que de leurs aptitudes aux affaires.

Ils l’accueillirent tour à tour avec défiance, n’osant risquer leurs capitaux.

Il se rabattit sur les financiers anglais. Chez ceux-là aussi — il l’avait senti tout de suite — cela ne l’avait guère classé haut dans leur esprit, l’énoncé de son nom français et l’aveu de son peu d’expérience en affaires. Tout en continuant à dicter leurs lettres, à manier des paperasses, à répondre aux appels téléphoniques, ils l’avaient cependant écouté, par sim-