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Beaumont se contentait de les harponner au passage et de les projeter au hasard sur le sommet de la charge. La pluie augmentait rapidement.

Ils avaient atteint le bout de la pièce adjacente à la grange. Rougeaud, qui, depuis vingt ans, comme un soldat à l’exercice, était dompté à la routine uniforme du charroyage, s’engagea mécaniquement à droite afin de suivre le cintre où se trouvaient distribuées les dernières rangées de veillottes, mais le père de Beaumont commanda brusquement : Dia, Rougeaud, Dia !… Il jeta précipitamment une couple de fourchées nouvelles sur la charge, puis, saisissant les guides, il dirigea à grands pas rapides l’attelage vers la grange.

— « Cache-toi sous le foin, Marcelle », cria-t-il à la hâte, en stimulant Rougeaud d’un cri enlevant pour la rude montée de la batterie.

La pluie s’était mise à tomber de plus en plus drue, s’accompagnant d’une étrange musique grêle sur les toits, sur les pailles séchées des prairies, sur les arbres, sur les épaules des paysans.