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— « Yves non plus ne vous a jamais beaucoup aidé, il me semble », reprit Marcelle.

— « Non, pas beaucoup, à vrai dire, en dehors des vacances. Mais lorsque les livres ne le tourmentaient pas trop, quel vaillant cœur il mettait alors à la besogne… comme Lucas d’ailleurs, il faut bien le reconnaître… Ah ! deux fiers gars que j’avais là ».

Il s’arrêta, attendri par les souvenirs encore frais qui subitement l’avaient envahi, et il continua en silence à chavirer les fourchées.

De temps en temps, pour mieux distribuer et fouler le foin sous les chevrons ou dans les coins, il enjambait par-dessus la lourde solive qui le séparait de la tasserie.

Marcelle voulait l’aider, se remettre à l’œuvre, mais il refusait : — « Reste donc à te reposer un peu… » Il achevait d’ailleurs… plus rien que les ridelles à vider… en quelques fourchées, il aurait fini…

On entendit bientôt le fer de sa fourche cliqueter sur les pièces de fonds de la vieille charrette. Il raclait les derniers brins de foin enfouis sous les échelettes : C’était tout. Il ne restait plus qu’à retourner au champ pour un nouveau chargement.

Impossible maintenant pour le père de Beaumont de refuser davantage l’aide de Marcelle, et de nouveau, à deux, ils avaient repris hâtivement la tâche.

Toutes préoccupations de fatigue écartées devant leur commun souci d’achever la mise en grange de l’étroit carré qui restait à moissonner, ils ne se souciaient même plus de percher les charretées, car