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profondes les sueurs et les larmes qui y ont successivement été versées.

Un aboiement retentit tout à coup à ses côtés. C’était celui d’un grand chien à pelage fauve dont la longue queue en panache, oscillant à travers les herbes hautes, révéla très à propos au docteur le meilleur sentier à suivre. Au bout de quelques pas, il débouchait sur la grande route.

Il leva aussitôt son regard, où demeurait encore un reste de songerie imprécise, et il aperçut sise à quelques pieds d’un humble pont rustique, la calme maison d’habitation des Beaumont.

— « Ah ! vous voilà, docteur. Et à pied ?… je vous guettais plutôt de ce côté… j’étais si inquiète. »

Une jeune femme, tête nue, s’était tout de suite dirigée vers lui.

— « Alors, c’est vous qui êtes la nouvelle maîtresse du lieu ? » reprit le docteur. « Et les jeunes mères, c’est vite alarmé sur le sort de leurs marmots. Voyons, ce n’est pas peut-être aussi grave que vous le supposez. »

Il aurait déjà voulu la consoler, car il s’était subitement senti ému en présence de l’angoisse que sa figure exprimait et sur laquelle il lisait les larmes tout proches.

Dans un fruste berceau de bois à longues « berces » recourbées, le petit malade râlait, les cheveux moites, la poitrine crispée sous les efforts respiratoires que des spasmes de toux rauque coupaient à chaque instant.

Comme pour l’imprégner de son propre souffle