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Marcelle avait senti son sourire se fondre instantanément. Attendrie maintenant et sérieuse, elle répliqua :

— « Voyons, regarde-moi bien et raisonne un peu… Pourquoi te refuses-tu à l’avouer cet amour… fais-tu mine de n’y point croire ? Parce que nous t’avons un peu lutinée à ce sujet ?… Mais Verneuil est un parti très convenable et dont tu n’as nullement à rougir… » Et comme Jacqueline niait d’un roulement convaincu de la tête… « Folle, va, qui ignore que, en amour, les chemins qui y mènent le plus vite sont souvent les chemins de traverse par lesquels on calcule se dérober… Et tu ne veux pas que je m’en amuse un peu… moi, ta Marcelle, si prête toujours à t’approuver et à te défendre, quoique tu fasses ?… »

Elle s’était levée pour partir, ne voulant ni trahir l’émotion qui peu à peu la gagnait, ni pénétrer davantage dans ces méandres secrets de l’âme dont Jacqueline semblait encore à ses yeux ignorer et la profondeur et le mystère.

Mais Jacqueline s’était attachée à elle et l’avait retenue. — « Oui, c’est justement parce que tu es « ma Marcelle » que je ne veux pas, entends-tu, que je ne veux pas que tu crois… Les autres, le monde …que m’importe ce qu’il peut penser… Mais toi, chez toi, non, c’est trop… Je te le défends.