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XVI


Autrefois, jeune institutrice, Marcelle avait recouru à son aiguille pour tromper les ennuis et la solitude de sa situation ; mais aujourd’hui, c’est pour subvenir aux besoins impérieux du foyer qu’elle est tenue d’y recourir.

À pied, avec son petit Gérard gambadant à ses côtés et s’informant à tout instant si c’était loin chez grand-père, elle venait régulièrement chaque samedi au village apporter les divers travaux de couture qu’elle était parvenue à exécuter au cours de la semaine. Elle préférait s’acquitter elle-même de cette tâche afin de ne point déranger Lucas, ni l’exposer surtout à la tentation du cabaret. Et puis maintenant qu’elle avait tout raconté au père de Beaumont, qu’ils ne se cachaient plus rien l’un à l’autre, elle trouvait une véritable joie à accourir lui dire bonjour en passant. Tantôt elle en profitait pour lui confier simplement la garde de son petit Gérard ; le plus souvent, c’était pour se soulager l’âme à lui faire le récit de ses affaires intimes.

Elle s’asseyait alors tout auprès de lui, cherchant