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instant sous la traction, mais comme l’autre, l’étranger, avait tendu plus durement la corde, il l’avait suivi vers la grande route, la tête basse… » Puis Lucas avait fermé doucement la barrière ; longtemps il s’y était tenu appuyé en suivant des yeux le vieil ami qui s’en allait… Quand plus tard, il était entré au logis, il s’attendait peut-être à ce que Marcelle l’interrogeât, mais elle ne lui avait rien demandé.

Il y avait déjà quatre jours de cela. Elle était parvenue à savoir cependant par le voisin que c’était Samuel Desautels, du Brulé, qui avait ainsi amené leur pauvre Rougeaud.

Oh ! elle ne lui cachait rien, à ce moment, au cher vieux qui l’écoutait sans grande surprise. Tristement, sa fierté évanouie, elle lui dévoilait leur profond dénûment : Le peu de fourrage qui restait pour les bestiaux ; les urgentes réparations à faire aux faucheuses ; leur petit Gérard qui n’avait plus de chaussures convenables à se mettre, comme elle-même d’ailleurs, et elle lui montrait ses souliers éculés et rougis. C’est pour ça que Lucas avait été forcé de vendre Rougeaud… Il en avait pourtant tant besoin pour les récoltes, les labours… un cheval qui était si doux, si commode. Oh ! cette boisson maudite.

Ces aveux lui étaient tous tombés des lèvres, sans trop d’amertume toutefois contre son Lucas. Elle l’aimait toujours. Il flottait encore du pardon dans chacune de ses paroles résignées.

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Elle partie, le père de Beaumont était longtemps