terreur et le vertige qui finalement l’assaillirent en entrevoyant tout à coup son père compromis, Yves, Marcelle… et tout le poids écrasant du secret qu’elle aurait à porter… et à partager avec Verneuil.
Oui, Jacqueline avait bien tout deviné, puisque résumant les étapes que son esprit venait de parcourir, et avec un accent qui implorait la pitié, elle reprit, les mains tendues vers Verneuil : — « Mon Dieu, est-ce possible que je l’aie tuée ? » Et lui, simplement, avec une conviction tranquille, fit signe que oui, longuement.
C’est qu’il venait de s’opérer dans son cerveau un éveil propre à lui révéler l’immense emprise que ce secret gardé en commun allait lui accorder sur Jacqueline. Et vu que dans tout amoureux — surtout s’il est repoussé — dort un sauvage, ce fut presque avec un tressaillement de volupté qu’il mesura l’étendue de l’inextricable situation où il la jugeait engagée : avec le fantôme constant de cette mère empoisonnée implacablement dressé entre elle et Yves. De plus quel merveilleux parti à tirer de l’espèce de complicité qu’il entrevoyait et qu’il se réjouissait d’avance d’avoir à partager avec elle. C’est pourquoi tout cela ayant traversé son esprit dans un éclair, il n’avait pas hésité à faire de la tête le long geste condamnateur avec lequel il allait exécuter Jacqueline, car ce fut bien en réalité une exécution comme avec un couperet.
Ses mains implorantes toujours tendues vers Verneuil, son sang glacé sous la vague de terreur qui parcourait son être, Jacqueline s’était figée dans