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Claude Paysan

Et malgré ses fatigues de la soirée, l’heure avancée de la nuit, il ne parvenait pas à s’arracher au monde de réflexions qui s’agitaient tumultueusement dans son cerveau et le tenaient en éveil.

… En bas, il y avait une vieille mère qui ne dormait pas non plus et qui cherchait à refaire à mesure dans son esprit les rêveries de son Claude. Elle ne bougeait point dans son lit pour mieux se représenter, aux craquements du plafond, chacun des mouvements que faisait son fils dans le silence de la nuit.

Elle l’entendait marcher, s’asseoir, puis tranquillement se lever de nouveau, pousser une chaise près du mur pour empiler machinalement ses habits dessus… Tout cela se faisait sans bruit, doucement, lentement, coupé de longs moments d’arrêt : doucement, pour ne point la réveiller sans doute, cette vieille mère ; lentement, parce qu’il ne pensait pas toujours bien à ce qu’il faisait, Claude, et qu’emporté par ses distractions profondes il restait à tout instant, le regard songeur, immobile, perdu très loin dans l’espace.

Si à la longue, elle ne s’était pas endormie la pauvre vieille, peut-être l’aurait-elle même entendu pleurer… mais elle s’était endormie.