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Claude Paysan

des vieux livres jaunis et sans couvertures sur une table, à côté d’un bouquet de fleurs fanées dans un pot.

En même temps son esprit flottait…

… Comme il s’en moque à présent de ses amoureuses du bal et comme ça ne le tente plus de rire…

Il vient de mettre fin à cette corvée, plus pénible et plus torturante que toute autre, de feindre la joie quand le cœur a plutôt envie de pleurer. Maintenant il jette le masque avec lequel il a tenté de mentir à Jacques, à Julie, à lui-même, à tout le monde du bal.

C’est la moquerie perfide qu’il avait entendue siffler à ses oreilles qui lui avait subitement donné la force de jouer ce rôle trompeur d’heureux. Tous ses rires avaient donc été faux, ses accents menteurs, sa gaieté feinte. À présent qu’il repasse dans sa tête les incidents de la soirée, qu’il peut se replonger dans ses rêves, laisser de nouveau flotter ses pensées, retourner à ses visions habituelles, il reconnaît que c’est maintenant qu’il est vraiment joyeux et content. Car ses angoisses sincères et vraies il les aime encore mieux que ses fausses joies de surface.

Et de pleurer en pensant à quelqu’une qu’il revoit en songe, ou de rire auprès de quelqu’autre de là-bas, du bal, c’est encore de pleurer que c’est meilleur.

… Oui, on avait prononcé derrière lui le nom de Fernande. Qu’est-ce qui avait bien pu faire soupçonner ainsi les secrètes pensées de son âme ?… Ces pensées, il ne les avaient trahies pourtant que devant de pauvres petites fleurs mortes…