Page:Choquette - Claude Paysan, 1899.djvu/93

Cette page a été validée par deux contributeurs.


XIX


Seul, dans la belle nuit qui brillait, Claude était retourné à pied après le bal. Il avait même paru fuir son ami Jacques, car il s’était hâtivement et comme en secret échappé de la maison du père Legaut.

Et après avoir tant ri, s’être si follement amusé, voilà qu’il s’en allait la tête baissée, le front soucieux, sans plus aucun agréable souvenir à l’esprit de sa joyeuse soirée.

En arrivant à son pauvre logis, il avait doucement fait glisser le loquet, poussé la porte, et il s’était coulé dans sa chambre par le petit escalier usé, avec mille précautions pour ne pas faire de bruit et ne point troubler le sommeil de sa vieille mère.

La lune, comme un ballon d’or dans le ciel, continuait d’éclairer. Plus basse à présent et comme suspendue au-dessus des arbres, elle renvoyait des rayons obliques qui s’enfonçaient en plein dans la chambre de Claude. Celle-ci en était toute illuminée ; avec des pénombres grises découpées dans les coins comme par des reflets de lampe.

Claude, qui s’était assis, immobile, regardait distraitement autour de lui toutes les pauvres petites choses, embellies et dorées par les effets de cette lumière pâle qui filtrait : un portrait de Jacques en chasseur, des vêtements de travail accrochés au mur.