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Claude Paysan
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en l’attirant, tout heureux… Tiens, hâte-toi, voilà que l’on attaque une nouvelle ronde…

Comme Claude fouillait du regard dans le tohu-bohu du bal pour se découvrir une danseuse…

— Eh ! va donc, s’exclama Jacques, et il lui jeta sa Julie entre les bras.

Dès ce moment, ce fut un entrain général. La fête étincelait, pétillait en même temps que le cidre, les liqueurs, les vins sauvages que l’on offrait à tout instant et qui émoustillaient fort les têtes. Les cris, les rires, les refrains drôles chantés dans les coins sur les airs des violons, se croisaient partout. Et de temps en temps c’étaient des appels, des apostrophes sarcastiques lancées du fond de la salle aux couples qui tourbillonnaient : À quand la noce ?… Aïe, là-bas, vous autres, allez-vous cesser de danser ensemble ?… C’est assez, Nicholas…

Puis, sifflant en sourdine, quelque chose comme « Oh ! donc, Claude… pense à Fernande… »

Jacques s’était déjà choisi une autre partenaire et entrait dans le cercle du cotillon ; Claude aussi, véritablement lancé maintenant, faisait des efforts de folie, luttait de réparties et de mouvements chorégraphiques impayables avec lui.

Il y avait longtemps qu’on ne l’avait vu ainsi décidé. Autrefois, par exemple, — avant la mort de son père, disaient les uns… avant que… reprenaient les autres… oh ! ils le savaient bien eux — oui, autrefois, les noces et les bals étaient presque tristes sans lui. Les amoureuses se battaient pour l’avoir à leurs bras et bâillaient à dix heures quand il était absent de la fête. Il chantait de si jolis refrains avec Jacques, son copain inséparable. Toujours aimable, ne blessant jamais personne et sachant si bien garder, même à travers ses amusantes drôleries de jeunesse et de bal, son même grand air distingué et tendre.