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Claude Paysan
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des environs, les meilleures chanteuses, les plus jolies, les plus enjôleuses, celles qui savaient le mieux rendre les garçons jaloux et stupides.

… Comme les joueurs de violon jugeaient en deux ou trois coups rapides d’archet la justesse de leurs instruments, Claude et Jacques entrèrent ; toujours ensemble ceux-là. Ils arrivaient un peu en retard comme pour se distinguer et éviter le contact des autres garçons de leur connaissance.

Quoique plus pauvres qu’eux tous, leurs tenues plus simples aussi, leur entrée répandit toutefois un sentiment singulier de gêne respectueuse sur les assistants, comme à l’arrivée de quelqu’un au-dessus d’eux ; et les danseurs, déjà en place pour un cotillon, agacés du silence qui s’était fait tout-à-coup, cherchaient à faire du bruit, à jouer une dédaigneuse indifférence et ils s’interpellaient ironiquement à voix haute.

Claude avait salué tout le monde très poliment, d’abord les maîtres de la maison, puis les invités, les jeunes filles avec leurs amoureux, les amis. Et, comme s’il eut plutôt été gêné lui-même, il s’était assis tout simplement auprès de quelques vieux voisins qui parlaient entre eux, venus là pour s’amuser un peu aux rires francs de toute cette joyeuse jeunesse.

Jacques, lui, plus hardi, plus diable, s’était vite mêlé à l’assistance. Il avait saisi sans façon la taille de Joséphine Lebrun, une jolie blonde qui lui faisait des grands yeux provocants, l’enlevait presque dans ses bras et se trouvait en une minute à tourbillonner dans les rangs de la contredanse.