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XIV


… Mais avec qui donc parler de Fernande ?

Toujours des interminables songeries dans la tête, toujours des monologues silencieux… et cependant tenir toutes ces choses bien secrètes, bien cachées au plus profond de sa pensée.

Fuir devant une silhouette de jeune fille, baisser ton regard devant le sien, prendre des chemins détournés pour éviter de la rencontrer et cependant toujours la voir, toujours lui répondre, toujours la poursuivre.

Si Claude pouvait tout dire au moins, avouer tout bas à quelqu’un ce tourment de son cœur ; mais non, pas même à son ami Jacques, à qui il raconte d’ordinaire tous ses secrets comme en confession…

Au lieu de ça, faire dévier tout-à-coup la conversation au moyen de réflexions intempestives pour qu’un nom, toujours à l’esprit, ne vienne pas jaillir subitement des lèvres… et pourtant vouloir tant le prononcer, ce nom.

Avec qui donc en parler, de Fernande ?…

Seulement avec p’tit Louis… p’tit Louis le garçon du voisin… p’tit Louis qui n’a que dix ans, lui, qui ne pénètre pas au fond des choses, et qui raconte à Claude tout ce qu’il sait.

Ce sont deux bons amis aussi ceux-là.

P’tit Louis ne s’imagine pas, par exemple, quand