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Claude Paysan

C’était un grand garçon pâle, vêtu d’un complet gris qui lui allait bien… La mère Julienne n’entendait pas ce qu’il disait tout bas, en regardant Fernande en plein dans les yeux, mais ça devait être très gentil, car elle riait de trop bon cœur.

Elle les vit ensuite accoster, tout devant sa maison, à un petit chevalet qui lui servait de lavoir, puis suivre un instant la berge pour atteindre la grande route.

En passant, Fernande lui dit : Bonjour, mère Julienne, et ils continuèrent tous deux.

Claude, qui s’en venait en même temps, les croisa malgré lui, instantanément saisi par sa mauvaise honte à la figure… et Fernande aussi avait rougi un peu, gênée elle-même probablement de se voir aux côtés de ce grand garçon pâle qui tout en marchant ne cessait de lui dire toutes sortes de choses.

Claude s’en venait dîner, mais tout à coup il n’avait plus faim, le visage sombre, distrait devant son assiette pleine. Sa mère cherchait à l’égayer, à le tirer de ce mauvais diable bleu qui maintenant le changeait à tout propos, mais il n’écoutait rien. Alors elle se mit à le questionner sur cet étranger, bien gentil d’apparence, vraiment à son goût… Oh ! oui, feraient-il un joli couple, hein ?…

Claude conservait son air renfrogné et ne répondait pas. Mais elle, la mère, reprenait toujours pour chasser les idées noires de son fils…

… Tout d’abord elle avait cru que c’était Julie, lui disait-elle… ils étaient là-bas, en chaloupe… Par exemple, elle l’avait vite reconnue ensuite… Ce