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XIII


Quelle est cette voile ?… Ces amoureux-là ?…

Les vieilles mères, comme si cela les rajeunissait, sont toujours promptes à remarquer les couples — filles et garçons — qui passent.

Mais ceux-là étaient loin, balancés par les vagues endormantes du Richelieu, et ainsi difficiles à reconnaître à cause de la distance.

La vieille Julienne, de sa porte ouverte, les suivait du regard.

… Me semble… me semble… que c’est Bertha Lincourt avec son grand Louis, ce fainéant… non, pourtant, elle n’a point de robe blanche comme ça… Ce serait-il Julie ?… Mais avec qui alors ?… Elle ne lui connaissait pas d’amoureux à celle-ci. C’est peut-être rien que des promeneurs… il en vient tant…

Et la vieille retourna surveiller un moment sa soupe qui bouillait.

Elle revint bientôt, intriguée, pour les regarder encore.

Le vent les avait déjà beaucoup rapprochés de la rive ; alors elle reconnut vite mademoiselle Fernande, d’abord parce qu’elle était tête nue et ensuite parce qu’elle riait si joyeusement… elle seule savait rire ainsi… L’autre, assis en face d’elle, elle ne le connaissait point.