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Claude Paysan
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— Au revoir, monsieur Claude.

… Il l’avait pourtant déjà rencontrée, elle, pas souvent par exemple, deux ou trois fois seulement, car il fuyait toujours, en donnant un prétexte quelconque à sa mère, quand il la voyait venir à travers les arbres. Mais, seul avec elle, c’était la première fois ; la première fois aussi qu’ils s’étaient parlé si longuement.

Oh ! ce n’est pas qu’elle… qu’elle… il cherchait le mot… qu’elle l’ennuyait, non, mais elle l’intimidait … C’était singulier… ça avait été ainsi dès leur première rencontre.

Il s’en souvenait bien de cette rencontre… Il était avec Jacques, tous deux debout dans un lourd chariot à foin. Ils se racontaient, en riant comme des fous, l’aventure impayable arrivée au grand Nicholas, leur ami ; puis, la voyant venir, tête nue sur la route, ils n’avaient, plus rien dit. Lui ne l’avait pas beaucoup regardée, car ce n’est pas bien de dévisager trop les gens, mais l’autre, Jacques, l’avait suivie longtemps du regard, cherchant à la reconnaître probablement.

Une fois qu’elle fut passée, il resta une odeur de lavande. Jacques, sans ne plus avoir envie de rire, son histoire oubliée, lui avait demandé, surpris, qui était cette belle jeune fille.

Lui le soupçonnait bien, car il savait qu’une nouvelle famille — des messieurs de la ville — était devenue leurs voisins, mais il n’avait pas daigné répondre, déjà gêné et comme ressentant un malaise inconnu… Qu’est-ce que ça lui faisait à Jacques, d’ailleurs ? Elle ne serait toujours pas pour lui…