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XII


… Au revoir, monsieur Claude…

Il entendait toujours la voix qui le lui avait dit. Et à la musique grêle de ses puissants coups de faux dans les blés se joignait une petite harmonie intime et suave qui le faisait un peu sourire par moments, puis qui le rendait ensuite sombre, très sombre.

Une foule de choses vagues et indifférentes auparavant lui revenaient à l’esprit dans un tumulte de rêve. Cinquante visions, oubliées ou éteintes dans le lointain de sa jeunesse, accouraient et tenaient sa pointée dans une agitation désordonnée.

Son andain fini, après avoir rapidement essuyé du revers de sa manche son front mouillé, il en reprenait un autre. Et toujours ces choses bizarres qui revenaient, qui le troublaient d’une manière si étrange

C’étaient des ressouvenirs de son enfance, les fois qu’il avait suivi ses grands frères dans les bois inclinés de la montagne, les nids d’oiseaux qu’il avait découverts et gardés en secret dans les touffes vertes, les périls qu’il avait courus, enlevé par les bourrasques soudaines du Richelieu, poussé au loin jusque sur l’autre rive…

C’étaient encore des projets un instant caressés, abandonnés ensuite tout à coup… Puis à propos de rien, sans transition, en face de lui, deux grands yeux doux qui le regardaient, une petite bouche qui lui disait :