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Claude Paysan

À la fin, en réponse, en portant gauchement à sa tête sa main libre pour saluer : Bonjour, mademoiselle. Il devint très rouge d’une marée subite de tout son sang à ses joues. Et il resta tout droit, immobile, les yeux baissés.

Elle s’était appuyée sans aucune gêne sur la rustique clôture qui les séparait et elle le questionnait tranquillement :

…Comment allait sa mère… si c’était fatigant sa rude besogne de paysan… si sa moisson était abondante…

Lui, tout étourdi, ne répondait que par signes, par brefs monosyllabes, par bouts de phrases hésitantes et incertaines comme dans une peur affreuse de se tromper et d’être ridicule. Toute son allure aussi signifiait : Pourquoi ne s’en va-t-elle pas celle-là…

Fernande, sans paraître s’en apercevoir, lui parlait encore :… Elle le trouvait un peu changé, il lui semblait : c’est vrai qu’elle ne l’avait pas vu depuis longtemps, l’an dernier, à l’occasion de la mort de son pauvre père… Oh ! elle avait alors ressenti beaucoup de chagrin à cause de la vieille Julienne, à cause de lui aussi. Claude ; et en disant ça, elle le regardait avec ses bons yeux francs comme pour lui renouveler encore l’expression de sa sympathie… Puis, étaient-ils toujours de grands amis, Jacques et lui ?… Achevaient-ils leurs moissons ?…

Claude lui aurait bien mieux et plus longuement répondu, si elle ne l’avait pas tant regardé aussi ; il fuyait ce regard qui l’intimidait ; et puis ce