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VIII


Elle dura ainsi deux jours, la neige, puis elle cessa, puis elle recommença de nouveau quelque temps après, crépitant et grésillant toujours, jusqu’à ce que tout fut recouvert, capitonné d’ouate d’une blancheur éblouissante qui faisait mal aux yeux.

Ceci donnait au logis des Drioux l’apparence d’une fantaisiste petite cabane… une vraie grotte de fée. Et quand la mère Julienne, les jours de grand froid, apparaissait à la porte au milieu d’une jaillissante nuée vaporeuse qui l’embuait, on cherchait des yeux sa baguette.

Oh ! si elle n’avait pas de baguette magique, elle n’en « souhaitait » pas moins cependant.

… Elle souhaitait du bois au foyer pour l’hiver, les épis de la moisson bien pleins, pas de clavelée à ses moutons, que sa vache eût un lait abondant, puis encore elle souhaitait à son vieil époux mort un éternel et calme repos… et aussi plus tard, pour son fils Claude, une bonne petite femme qui la garderait avec elle, qui ne dérangerait point son pauvre lit blanc, derrière les rideaux, et dont en retour elle chérirait les jeunes enfants. En même temps, ses mains esquissaient d’avance des mouvements de caresse sur des têtes blondes.

Mais parfois aussi, quand elle songeait à ce dernier rêve de toutes les vieilles mères, elle essuyait bien