Page:Choquette - Claude Paysan, 1899.djvu/37

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tant toutes ses tristesses glacées, un silence pénible qu’ils ne savaient pas comment rompre, s’appesantissait sans cesse davantage sur eux. Claude feignait de ne point voir la contention évidente et voisine des larmes qui était prête à se trahir chez sa mère, et il n’osait point parler, n’étant pas très sûr lui non plus de la fermeté de sa voix…

Oh ! s’il avait pu faire du bruit, étouffer ce grésillement continuel. Mais comme c’était impossible il s’occupait tout doucement à caresser de la main son fidèle Gardien. Il avait senti cela, sans doute lui, le bon chien, que le chagrin seul veillait au foyer, car il avait appuyé sa tête sur la jambe de Claude, fixé sur lui ses bons yeux demi-clos comme dans une manière de vouloir pleurer ensemble.

… À la fin quelque chose comme un frisson les agita… Il faisait froid. Plus que quelques tisons dans l’âtre… Alors ils reconnurent que c’était l’heure du sommeil.

Quand Claude eut atteint l’escalier, le pied levé pour monter à sa chambre, certain que sa voix ne se briserait pas :

— Bon soir, vieille mère…

Il n’attendit point la réponse à cause de la peur qu’il avait d’entendre un sanglot en retour. Et ayant rapidement escaladé les marches, il jeta un coup d’œil sur ses blanches fleurs, puis il s’étendit sur son lit.

Comme il faisait froid sous le toit, que le vent soufflait encore, que la neige crépitait toujours, il ne renvoya point son chien qui était doucement venu se coucher sur ses pieds, les réchauffant de son corps et de son haleine tiède.